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Une denrée alimentaire qui coule directement du robinet

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  Mon, 27.11.2023

Le bailleur ou la bailleresse qui loue son bien à un tiers est responsable de la qualité irréprochable de l’eau potable fournie. Il doit donc entretenir régulièrement les différentes installations. Si vous ne vous êtes pas encore soucié de la qualité de « votre » eau potable, il est temps de penser à la faire contrôler par un installateur sanitaire.

Les bailleurs et les bailleresses sont soumis à un devoir dont ils n’ont pas toujours conscience. Depuis la révision de la loi fédérale sur les denrées alimentaires (LDAI), l’eau qui parvient jusqu’aux ménages est considérée comme une denrée alimentaire (auparavant, c’était seulement le cas pour l’eau fournie par les pouvoirs publics). Les propriétaires qui mettent un bien immobilier en location doivent donc observer les dispositions y relatives (voir encadré : « L’autocontrôle, une exigence légale »). De même, ils seront tenus pour responsables des conséquences qui découleraient d’une installation ne respectant pas les prescriptions en vigueur.

L’importance d’un service régulier
« Depuis quelques années, les questions d’hygiène relatives à l’eau potable préoccupent aussi les propriétaires individuels et plus seulement les grandes régies immobilières », constate Dragan Cvetkovic, responsable du service à la clientèle chez Schmidt Sanitaire et Chauffage SA à Lucerne. « Les clientes et clients sont toujours plus sensibles à cette question et nous demandent de contrôler leurs installations ». Lors de ce check-up, les professionnels vérifient tous les éléments du système. Des investigations plus poussées sont effectuées le cas échéant.
L’installateur examine d’abord le filtre à particules qui se trouve directement après le compteur. « Ce filtre retient les particules les plus fines en suspension dans l’eau (grains de sable, minuscules cailloux) afin qu’elles n’endommagent pas les installations. Il faut au minimum un service annuel pour garantir son bon fonctionnement », précise Dragan Cvetkovic. Sans cela, des bactéries peuvent s’y accumuler. Selon le type d’installation, l’eau s’écoule ensuite dans un dispositif qui réduit sa teneur en calcaire. Ici aussi, un entretien régulier est nécessaire et l’agent adoucissant (résine, granulés) doit être périodiquement remplacé. La Société Suisse de l’Industrie du Gaz et des Eaux SVGW recommande un service annuel. Pour le ballon d’eau chaude (boiler), ce service interviendra en principe tous les cinq ans.

Éviter l’eau stagnante
Puis l’eau passe par la batterie de distribution. C’est le cœur de l’installation d’approvisionnement en eau potable, son nœud central, qui alimente chaque étage et éventuellement d’autres points de puisage (douche ou jet dans le jardin, aire de lavage, lavabo à l’entrée, etc.). « Pour garantir l’hygiène, il est impératif que l’eau ne stagne pas. Les segments de tuyauterie où elle reste à croupir pendant de longues périodes sont à éviter à tout prix, met en garde M. Cvetkovic. Ce qui peut arriver quand on a installé un robinet séparé pour laver sa voiture. Lorsqu’il reste inutilisé pendant des semaines, voire des mois, une eau « morte » s’y accumule. On résout aujourd’hui ce problème en tirant une nouvelle conduite. Ainsi l’eau ne stagne plus derrière le robinet, mais est redirigée par exemple vers une chasse d’eau de WC. Comme celle-ci se remplit très souvent, l’eau circule dans le tuyau.
Depuis la batterie de distribution, l’eau arrive dans la colonne montante qui l’amène dans les étages. « Lorsque les conduites nous semblent anciennes ou corrodées, nous en scions parfois un petit morceau », dit Dragan Cvetkovic. Nous posons un raccord et analysons le segment en atelier. Si l’intérieur a rétréci sous l’effet du calcaire ou de la rouille, il est temps de remplacer la tuyauterie.

Check-up et prélèvement d’échantillons
Autre risque pour l’hygiène : une eau froide qui ne l’est pas suffisamment. Lors du bilan de l’installation, on examine donc très attentivement les endroits critiques. Selon l’année de construction du bâtiment, l’eau froide peut circuler trop près du distributeur du chauffage au sol, d’où une élévation problématique de la température. Dans ce cas, une meilleure isolation des conduites s’impose. Dans le doute, un échantillon d’eau permet de poser un diagnostic. Il sera prélevé par un professionnel formé comme Dragan Cvetkovic et analysé dans un laboratoire accrédité pour y détecter la présence de bactéries. C’est une mesure envisageable, mais pas forcément la plus importante, estime le spécialiste : « le mieux est d’appeler un installateur sanitaire en qui vous avez confiance et de prendre son avis. Chaque installation est un peu différente des autres. Nous aidons volontiers les propriétaires à s’y retrouver. »

L’autocontrôle, une exigence légale
L’eau fournie par les pouvoirs publics doit depuis longtemps être traitée comme une denrée alimentaire. Grâce à des contrôles quotidiens et une surveillance pointue, les contaminations à grande échelle sont très rares en Suisse. Depuis 2017, date de révision de la loi sur les denrées alimentaires (LDAI), des dispositions plus strictes régissent l’approvisionnement domestique en eau potable, du compteur au point de puisage (robinet, douche). Les propriétaires et les exploitants d’installations domestiques sont désormais considérés comme des fournisseurs. Leurs devoirs sont définis dans l’ordonnance sur l’eau potable et l’eau des installations de baignade et de douche (OPDB), entrée en vigueur la même année. La mise en œuvre concrète de ces devoirs est décrite dans deux directives de la Société Suisse de l’Industrie du Gaz et des Eaux (SVGW). La directive W3/E3 a été conçue pour les installateurs et les planificateurs. La directive W3/E4 décrit les exigences à remplir par les propriétaires et les exploitants. Un point central de la législation sur les denrées alimentaires est l’obligation d’autocontrôle. Pour s’en acquitter, il est recommandé de faire établir un bilan de son installation par un professionnel de confiance. Il déterminera le cas échéant les travaux d’entretien et d’assainissement à entreprendre.

L’auteur

Michael Staub, journaliste, traduction Bénédicte Savary

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