La baisse des prix de rachat par les gestionnaires de réseau de distribution interroge quant à l’intérêt d’investir dans de telles installations.
L’entrée en vigueur de l’ordonnance fédérale sur l’énergie et l’augmentation fulgurante de la production d’électricité solaire (autant que la centrale nucléaire de Beznau en 2024, soit 11% de la consommation suisse) nous promet des lendemains qui « déchantent » un peu, en termes de prix de rachat de l’électricité photovoltaïque par les gestionnaires de réseau de distribution (GRD).
Ces circonstances prolongent significativement la durée d’amortissement des installations photovoltaïques récentes et futures et interrogent quant à l’intérêt d’un tel investissement. Plusieurs raisons doivent pourtant nous encourager à persévérer.
Encore du potentiel
Tout d’abord, l’intérêt collectif et environnemental d’une transition nécessaire vers une production d’électricité solaire qui permette de couvrir au moins 50% de la consommation nationale en 2050.
Pour atteindre cet objectif, la puissance photovoltaïque installée doit passer des 9 gigawatts actuellement à 50 gigawatts en 2050. Les études récentes estiment que le potentiel des toitures suisses permet d’atteindre ce chiffre. Il s’agit donc de poursuivre l’équipement de nos toits, ce qui permet par la même occasion de minimiser l’utilisation de surfaces non bâties pour la production d’électricité.
Pragmatiquement, même au prix de rachat réduit, une installation qui pouvait être amortie en cinq à dix ans pourra encore l’être largement pendant sa durée de vie de plus de 25 ans.
En outre, cette nouvelle situation encourage l’installation d’un maximum de surface photovoltaïque, les importants frais fixes du chantier (administration, échafaudages, électricien, etc.) étant répartis sur un plus grand nombre de panneaux et la subvention pro novo étant basée sur la puissance installée.
L’autoconsommation de l’électricité photovoltaïque produite doit être optimisée, car elle réduit évidemment la durée d’amortissement. Elle peut être maximisée à l’aide des nouvelles possibilités de regroupement d’autoconsommateurs au sein d’un même immeuble sous forme d’une Communauté d’autoconsommation (CA) ou même, sous certaines conditions, avec d’autres immeubles à l’aide d’un Regroupement de la consommation propre (RCP) et, dès 2026, d’une Communauté électrique locale (CEL).
Il ne faut pas hésiter à se renseigner auprès de son fournisseur d’électricité à propos des solutions qu’il propose.
Ne pas hésiter
L’adjonction d’une batterie à l’installation photovoltaïque permet d’augmenter significativement le niveau d’autoconsommation, en particulier pendant les périodes de nuit ou par temps couvert.
Elle mérite d’être étudiée d’un point de vue financier, en considérant que la durée de vie des batteries augmente régulièrement (aujourd’hui jusqu’à 5000 cycles de charge – décharge, soit tous les jours durant près de 20 ans) et que leur prix baisse. Le dimensionnement de la capacité d’une batterie se base sur la puissance photovoltaïque installée et sur la consommation quotidienne d’électricité.
Il n’y a donc pas à hésiter. Le temps presse et l’investissement reste rentable pour son porte-monnaie et certainement pour l’environnement.
Blaise Horisberger, président d’HabitatDurable Neuchâtel
Texte paru pour la première fois le 27 juin 2025 dans Arcinfo