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Moisissures

Moisissures – leurs causes, comment les éviter

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  Thu, 18.11.2021

D’où viennent les moisissures dans l’habitat ? Chaque année, nombre de constructions neuves ou anciennes révèlent des imperfections. Parmi celles-ci, les moisissures sont un problème récurrent.

De nos jours, des normes incontournables et l’évolution des matériaux et des techniques constructives permettent une meilleure isolation de l’habitat, mais rendent aussi celui-ci plus hermétique. Un logement doit assurer un confort thermique agréable sur une surface habitable en adéquation avec notre style de vie contemporain. Pourtant, la tendance actuelle est de surchauffer nos habitats ce qui favorise l’accumulation de l’eau dans l’air. Le confort thermique est exagéré parce qu’on chauffe trop et nous nous retrouvons dans des pièces où une grande quantité d’eau est stockée. Pour comprendre l’apparition de moisissures, nous avons interrogé Quiterie Barthou, physicienne du bâtiment et ingénieure associée du bureau PPLUS Sàrl à Neuchâtel, et Christian von Düring, architecte à Genève.

L’origine du problème

Les moisissures sont des champignons microscopiques présents naturellement dans notre environnement, explique la physicienne du bâtiment. Invisibles mais invasives, ces spores sont dispersées par les courants d’air et pénètrent facilement dans les bâtiments en s’infiltrant par les portes, fenêtres et systèmes de ventilation, ou en se collant sur différents vecteurs, dont les plus courants sont les objets, les plantes, les animaux, mais aussi l’homme via ses habits, en particulier ses chaussures. Lorsque les spores se trouvent dans des conditions favorables humides, elles peuvent germer. Or, dans un local correctement ventilé, l’air se renouvelle, ce qui désactive leur prolifération.

Trois principaux facteurs

Les moisissures sont le résultat chimique d’organismes vivants qui ont besoin d’humidité pour se développer. Mais justement, quelles sont les causes de leur apparition ? Selon Quiterie Barthou, ces causes sont multiples et souvent présentes en même temps. Elle en cite trois en particulier : les activités humaines et l’apport d’humidité dans les locaux, le manque d’aération, en particulier dans la cuisine et la salle de bain, et enfin, les défauts de construction. Pour bien comprendre le phénomène, cet article présente les trois scénarios les plus courants.

Apport d’humidité

Par leur métabolisme et leurs activités, les occupants constituent la principale source de vapeur d’eau dans les bâtiments. Le premier facteur, explique Quitteriez Barthou, intervient lorsque nous cuisinons ou que nous utilisons la salle de bain. De plus, la surabondance de plantes impliquant de multiples arrosages, la présence d’un aquarium, l’étendage du linge dans les intérieurs d’une famille comprenant des enfants en bas âge sont des exemples de circonstances qui favorisent l’humidité dans un habitat. Au contact de surfaces dont la température est inférieure au point de rosée, la vapeur d’eau contenue dans l’air se condense et forme des gouttelettes sur les parois. Si ces gouttelettes ne sont pas évacuées, des moisissures peuvent se développer. Notre interlocutrice rappelle que nous ne vivons plus à l’époque de l’architecture vernaculaire, où les imperfections du bâti évacuaient l’humidité. Souvenons- nous de nos grands-mères, elles avaient l’habitude d’aérer leur maison tous les matins, l’air circulait, et cette manière de faire était (et demeure) très efficace. Nous n’avons malheureusement plus les mêmes coutumes, et il est rare que les personnes vivant en zone urbaine maintiennent leurs fenêtres ouvertes assez longtemps. Aujourd’hui, l’air vicié stagne davantage dans l’habitat, conclut Quiterie Barthou.

Importance d’évacuer l’humidité

Comme nous produisons une grande quantité d’humidité, il est primordial de l’évacuer par une aération manuelle des locaux ou en actionnant les systèmes de ventilation. En effet, les pièces comprenant des points d’eau sont en général équipées d’un système de ventilation qu’il est primordial de garder en bon état et de nettoyer régulièrement, car la poussière et les gouttelettes de graisse s’y collent facilement. Si l’humidité ne s’évacue pas correctement, des moisissures apparaissent. Il en résulte une dégradation du bâti et un inconfort pour l’occupant ; des maladies respiratoires peuvent même survenir dans certains cas.

Défaut de construction

Les moisissures proviennent aussi d’autres sources, comme nous l’explique Christian von Düring, architecte à Genève. Mur enterré, toiture, façades, tous ces éléments peuvent être à l’origine de moisissures s’ils ne sont pas réalisés correctement, énumère l’architecte genevois. La plus grande difficulté est de diagnostiquer un pont thermique. Ce terme désigne des points de la construction où la barrière isolante est rompue en raison d’une mise en oeuvre défectueuse ou d’un manque de rigueur dans la conception de l’ouvrage. Les ponts thermiques se situent généralement aux points de raccord des différentes parties de la construction. Ils entraînent une chute locale de température sur la surface intérieure de la paroi. Les zones froides favorisent la condensation et donc la formation de moisissures dans l’habitat. Il faut préciser, poursuit l’architecte, qu’un changement de fenêtre peut déséquilibrer le flux d’air et provoquer une concentration d’humidité à certains endroits. D’où l’importance d’une ventilation performante.

Que dit la loi en cas de problèmes

En Suisse, la plupart des articles de lois concernant les défauts de construction relèvent du Code des obligations et du Code civil. Outre ce volet légal, la norme SIA 180 est fréquemment appliquée et consultée. Cette norme stipule ce qui doit être fait en matière de protection thermique, humidité et climat intérieur.

Que faire pour éviter l’apparition de moisissures ?

  • Limiter le séchage du linge à l’intérieur, éviter le nettoyage de surface à grande eau et ne pas laisser le sol mouillé dans la salle de bain.
  • Mettre en marche la ventilation lorsqu’on cuisine ou utilise la salle de bains, et en cas d’absence de ventilation, aérer.
  • Aérer matin et soir 5 à 10 minutes en créant un courant d’air, plus longtemps en cas de besoin (suroccupation des locaux, aquarium, etc.) sans pour autant laisser les fenêtres en imposte en période hivernale.
  • L’utilisation d’un hygromètre-thermomètre permet de contrôler la température. Celle-ci est idéale entre 20 et 22 degrés pour les pièces à vivre et entre 18 et 20 degrés pour les chambres. En hiver, il est recommandé de ne pas dépasser un taux d’humidité de 50 %.

Que faire en cas d’apparition de moisissures ?

Si des traces de moisissures superficielles sont constatées sur une petite surface (jusqu’à 10 cm x 10 cm), vous pouvez essayer de les enlever avec de l’eau de Javel ou de l’alcool à 70 %. Toutefois, s’il y a une prolifération de moisissures sur les murs ou dans le coin d’une paroi, il est préférable de recourir à un spécialiste.

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