Moins de places de stationnement pour une meilleure qualité de vie
La proportion de ménages sans voiture est en hausse constante depuis les années 2000. En parallèle, les quartiers épargnés par les nuisances du trafic automobile et pourvus d’espaces publics conviviaux ont la cote. Inévitablement, la place de la voiture dans les quartiers d’habitation est remise en question. Les arguments favorables et les bons exemples tendent à le démontrer : il est possible de construire en limitant la place allouée au stationnement.
En Europe, mais aussi en Suisse
Allemagne, Autriche, Luxembourg, Pays-Bas, Suède : l’Europe offre de nombreux exemples de quartiers ou d’immeubles construits sans places de stationnement. En Suisse aussi, la tendance se répand ; elle est d’abord apparue du côté alémanique, mais la Suisse romande commence à rattraper son retard. La plateforme Habitat à stationnement réduit de l’Association transports et environnement (ATE) recense 26 quartiers construits et 12 en projet.
Une tendance urbaine qui se développe aussi en milieu rural
Les premiers quartiers sans ou avec moins de places de stationnement se sont d’abord développés dans les villes en raison de la bonne desserte par les transports publics. Mais les régions rurales, a priori moins favorables à ce type d’habitat, commencent à s’y mettre. C’est le cas à Aegerten, dans le canton de Berne, où 44 logements et 10 chambres pour un bed & breakfast seront construits et pourvus de 24 places de stationnement seulement. Le quartier est mal desservi par les transports publics, mais les autorités ont tout de même accordé le permis de construire, puisque la coopérative d’habitation a mis en place un concept de mobilité et propose des solutions d’autopartage.
À Affoltern am Albis, dans le canton de Zurich, 16 appartements sont sortis de terre sans aucune place de stationnement pour les habitant·e·s (mais 2 places pour les personnes en visite ). La bonne desserte par les transports publics a motivé l’autorisation de construire, mais une aire de réserve pour d’éventuelles places de stationnement est prévue en cas de besoin.
Travail d’équipe, communication et mobilité alternative
Que faut-il pour réussir la conception d’un quartier d’habitat à stationnement réduit ? Plusieurs maîtres d’ouvrage ont été interrogés sur les facteurs de succès de leur projet. Dans leurs réponses, ils citent le plus souvent la mobilisation de toutes les personnes impliquées ( autorités, politique, voisinage ) dès la phase initiale et le soutien dans la commune, mais mentionnent aussi l’importance d’une communication ouverte associée à une campagne de sensibilisation, des objectifs clairs dès le début ainsi qu’une volonté permanente de réalisation. Une bonne desserte par les transports publics et suffisamment de places de stationnement pour les vélos viennent compléter la liste des facteurs incitatifs.
Des avantages pour tout le monde
Bien que les bons exemples se multiplient en Suisse, les mentalités doivent encore progresser à ce sujet. Les avantages sont pourtant nombreux. Pour les promoteurs, un projet d’habitat à stationnement réduit permet de réaliser des économies en termes de construction et de maintenance des routes. Le prix des logements est abaissé et les espaces ainsi libérés sont dédiés à de nouvelles utilisations.
Les communes sont également gagnantes : en plus de la diminution du trafic motorisé sur les routes locales, l’habitat à stationnement réduit contribue à des structures économes en énergie et ainsi à la société à 2000 watts. L’espace libéré entraîne un gain d’espace sans perte de qualité de l’habitat. Les commerces, services et offres de loisirs locaux sont davantage utilisés et animent les quartiers. Les habitant·e·s ont plus d’occasions de se dépenser grâce à la promotion du vélo et aux mesures pour favoriser la mobilité piétonne. Enfin, en améliorant la qualité de vie, ces projets concourent à une meilleure image de la commune.
Pour la population, la réduction du trafic individuel motorisé diminue les nuisances environnementales et le danger d’accidents routiers. Il est possible d’aménager davantage d’espaces verts pour le jeu, la rencontre et la détente et, grâce à la promotion du vélo et de la marche, bouger au quotidien devient plus agréable. Sur le plan économique enfin, les coûts des places de stationnement répercutés sur les locataires disparaissent.
Pourquoi pas vous ?
Vous souhaitez planifier un quartier ou un immeuble sans ou avec moins de places de stationnement et avez besoin de conseils ? Profitez de la nouvelle offre de conseil de l’ATE et de sa plateforme Habitat à stationnement réduit (HSR). L’offre de conseil s’adresse aux investisseurs immobiliers, aux bureaux d’urbanisme, aux gestionnaires immobiliers municipaux et aux coopératives d’habitation. www.ate-hsr.ch (planifier & construire)
Éxtrait de la Revue HabitatDurable 66
L'auteure
© VCS/ATE
Émilie Roux
chargée de projet à l’ATE