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La maison qui vit du soleil et de la pluie

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  Wed, 01.04.2020

Écologique de la cave au grenier, cette maison individuelle construite en matériaux renouvelables de la région, complètement autosuffisante en énergie pourra — à la fin de sa vie — être compostée !

À la voir posée dans la verdure de Villarepos (FR), elle n’a rien de révolutionnaire : un cube enveloppé de bois et composé de matériaux utilisés depuis l’Antiquité : paille, argile et chaux. Le béton, la colle et le métal ont été sciemment évités. Cependant, le confort correspond bien aux standards actuels ! Les seuls compromis qui ont été faits à l’industrie du pétrole se trouvent sur le toit et dans la salle de bain avec l’utilisation d’un peu de caoutchouc et de silicone. Tout le reste est renouvelable et vient de près de chez nous : le bois est indigène, la paille bio vient du Val-de-Ruz (NE) et la pierre naturelle du Jura.

Mais ce n’est de loin pas tout : cette maison individuelle avec un studio destiné à la location n’a besoin que de soleil et de pluie ! Elle n’est pas reliée au réseau électrique. L’électricité est produite par les 31m2 de panneaux photovoltaïques situés sur le toit, puis stockée à la cave dans des accumulateurs lithium-ferphosphate dont la capacité de 21,6 kW permet de survivre cinq jours entiers sans soleil.

L’eau utilisée pour boire, faire la cuisine et se laver vient du ciel. L’eau de pluie est en effet récoltée dans une citerne de 10 000 litres enterrée du côté nord, devant la maison. Deux filtres au charbon actif nettoient l’eau avant qu’elle n’entre dans le système domestique. À la cuisine, l’eau destinée à la boisson est purifiée par un filtre à osmose inverse. Sur le toit, 8,5 m2 de panneaux solaires thermiques chauffent l’eau qui est ensuite stockée à la cave dans un accumulateur à couches multiples, appelé Oscar. Le fonctionnement de cet accumulateur pour l’eau chaude et le chauffage repose sur le principe que les couches d’eau de températures différentes ne se mélangent pas. Suivant l’utilisation et la température nécessaires, une pompe prend l’eau dans l’une des 6 couches. L’eau la plus chaude est située dans la couche supérieure et provient directement des panneaux thermiques et du poêle. C’est uniquement pour des raisons de sécurité que la maison est reliée au réseau d’eau communal afin de garantir un approvisionnement en cas de sécheresse persistante.

Si le rayonnement solaire n’est pas suffisant pour assurer une température agréable dans les pièces, il est complété par les surplus d’énergie produits par l’installation photovoltaïque ou par la chaleur diffusée par le poêle en pisé. Les deux étages de la maison sont chauffés avec ce poêle à bois, combiné à un conduit de cheminée un peu particulier et quatre éléments de parois chauffants. L’installation photovoltaïque interagit avec le système de chauffage pour optimiser automatiquement les conditions. Tous deux peuvent être contrôlés et gérés à distance par internet.

La maison à ossature en bois est isolée avec de la paille et repose sur des fondations en pierres naturelles du Jura. À l’intérieur de la maison, on trouve deux murs en argile compactée qui servent à accumuler de la masse et ramènent le poids de cette structure légère à 70 tonnes sur la dalle servant de plafond à la cave. Au premier étage se situe le studio orienté au sud-est, d’une surface d’env. 42 m2 avec sa propre cuisine agencée et sa propre salle de bain. Le 2e étage forme le coeur de la maison avec une grande pièce à vivre rassemblant le séjour, le coin à manger et la cuisine. La grande pièce a une surface de 60 m2. En comparaison, toutes les autres pièces sont relativement petites : au rez-de-chaussée, les chambres mesurent 13 m2 et les salles de bain 3.6 m2, et au premier étage, la chambre à coucher fait 15 m2 et la salle de bain 7 m2. Le poêle en argile attire le regard : c’est un élément important du chauffage pendant l’entre-saison. Il est construit d’un seul tenant, sans joints ni armatures.

L’équipement de la cuisine respecte des directives écologiques strictes : les meubles ont été assemblés à la main sans colle, sans chimie, sans métal, sans peinture et construits avec du bois local. Un menuisier de la région a su concrétiser les principes de durabilité chers aux maîtres d’ouvrage.

Derrière les murs en argile compactée, on trouve, comme dans un cocon, une salle de bain et une chambre à coucher. Le crépi de finition à la chaux sur un enduit de fond en argile donne une atmosphère agréable à la salle de bain. Les parois de la douche sont recouvertes d’un crépi de chaux marocain, à la fois ouvert à
la diffusion (perméable à la vapeur) et hydrofuge. Cet enduit traditionnel très ancien, appelé tadelakt, est très serré et contient des savons naturels qui le rendent étanche à l’eau.

La maison est orientée au sud afin de profiter au maximum de l’énergie solaire passive. Les fenêtres de la façade sud vont jusqu’au sol et sont munies de double vitrages pour laisser entrer le plus de chaleur possible en hiver. La température peut ainsi grimper jusqu’à 27 °C pendant les jours froids d’hiver ! Quant à la façade nord, les fenêtres y sont petites et munies d’un vitrage triple afin de garder le plus de chaleur à l’intérieur de la maison. Au nord, on trouve la salle de bain et la chambre à coucher. Le studio reçoit de la lumière par deux fenêtres orientées à l’est et une fenêtre orientée au sud.

Le jardin aussi est conçu selon des principes écologiques. C’est un jardin naturel qui ne sera habité que par des plantes indigènes : herbes aromatiques, fleurs sauvages et arbres fruitiers de grande qualité pour les animaux, les insectes et bien sûr les habitants de la maison. Comme dans la nature, la maison a aussi son cycle de vie : à la fin, elle retournera à la terre mère sans laisser de déchets polluants.

L’autrice

Sibylle Kamber
Maître d’ouvrage

Éxtrait de la Revue HabitatDurable 56

Pour plus d’infos : sunpower-on.ch

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