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Construire de manière climato-compatible

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  Wed, 08.09.2021

La construction et l’exploitation des bâtiments génèrent 40 % du CO2 émis par l’être humain à l’échelle de la planète. Dans un nouveau bâtiment énergétiquement performant, plus que 70 % des émissions de gaz à effet de serre se produisent lors de la construction. D’ici 2050, ce secteur doit se défaire de sa dépendance à l’égard des énergies fossiles. C’est une entreprise ambitieuse qui exige la volonté des maîtres d’ouvrages, les compétences des planificateurs et les solutions des industriels. La construction zéro CO2 n’est pourtant pas possible aujourd’hui : ni le béton ni le verre ne peuvent être produits sans émissions, et chaque maison a besoin au moins d’une fondation et d’une fenêtre.

La sobriété avant tout

Construisons le moins de volume possible. La sobriété est la soupape de réglage la plus efficace. Avant chaque construction, il faut s’interroger : a-t-on vraiment besoin d’un nouveau bâtiment ? L’appartement doit-il impérativement comporter trois salles de bain ? Le parking souterrain est-il nécessaire ? Le levier climatique est le plus important lors de la commande, mais il est à la mesure du conflit d’intérêts : ceux qui planifient et construisent peu gagnent peu – qu’il s’agisse d’architectes, de techniciens du bâtiment ou d’entrepreneurs. L’aspect économique ne laisse aucun de nous indifférent.

Les particuliers peuvent s’inspirer des coopératives d’habitation, qui calculent souvent avec un maximum de 35 mètres carrés de surface habitable par personne. Cela correspond à la consommation moyenne par habitant en Suisse en 1980.

L’emplacement est primordial

Il s’agit de construire dans des endroits bien desservis. Le trafic est à l’origine d’environ un tiers des émissions de gaz à effet de serre en Suisse, ce qui en fait le principal défi climatique de ce pays. Un certificat Minergie n’a que peu de sens si la voiture dans le garage et les infrastructures nécessaires émettent l’équivalent du CO2 économisé par le bâti. Construisez là où il a déjà été construit, par exemple en surélevant un bâtiment existant. Construisez sur un terrain plat, car une pente nécessite des fondations complexes qui requièrent beaucoup de matériaux.

Rénovation ou nouvelle construction ?

Il n’y a pas de réponse générale à cette question, c’est pourquoi les concours d’architecture devraient toujours laisser cet aspect ouvert. Mais en cas de doute et si l’utilisation le permet, la rénovation est une meilleure option. Une remise en état émet plus de CO2 lors de l’exploitation, mais tout de même environ 40 % de gaz à effet de serre ou d’énergie grise en moins par rapport à une nouvelle construction. En principe, les transformations et les rénovations sont plus adaptées que la construction de bâtiments neufs pour atteindre l’objectif climatique, car la Suisse est déjà largement bâtie et 1 % seulement du bâti existant est rénové chaque année.

La forme du cube est optimale

Moins il y a de façades par surface utile, moins le bâtiment consomme de kilowattheures à l’exploitation. Dans cette optique, la compacité comprend non seulement le périmètre d’isolation, mais tous les composants externes d’un bâtiment. Une étude comparant différentes variantes avec un bâtiment en forme de cube montre que l’effet de levier du facteur de forme est énorme. Un étage au lieu de quatre entraîne une augmentation de 30 % des gaz à effet de serre, augmentation estimée à 17 % pour deux étages en gradins et à 6 % pour une cour centrale. L’efficacité de la boîte est impitoyable : même les façades en pente pensées pour leur exposition au soleil, les balcons pour leur ombre portée ou les intégrations partielles dans le terrain pour un effet de rafraîchissement ont un effet négatif sur le bilan.

Le moins de sous-sols possible

L’excavation et les fondations sont responsables d’environ 10 % des gaz à effet de serre émis lors de la construction, et plus encore dans le cas d’excavations compliquées. Il s’agit de modifier le moins possible le terrain. En sous-sol, des murs en béton épais et des structures très résistantes sont nécessaires, ce qui a un impact négatif sur le bilan climatique. De plus, les sous-sols non chauffés péjorent les valeurs de gaz à effet de serre du bâtiment – du moins mathématiquement – parce qu’ils sont rapportés à la surface utile chauffée. Tout bâtiment a besoin d’une fondation. En faire un étage est logique s’il faut pouvoir disposer de caves. Mais plus profondément que cel et en dehors de l’emprise du bâti principal : il faut faire sans.

L’enjeu du réchauffement climatique

À l’avenir, les nouvelles constructions résidentielles consommeront plus d’énergie pour refroidir que pour chauffer, au Tessin même jusqu’à trois fois plus. Moins de fenêtres, de grandes surfaces utiles et un bon rafraîchissement nocturne permettent d’atténuer ce phénomène.

Tours : à éviter

Les immeubles de grande hauteur font réaliser des économies de terrain. Mais leur construction est complexe, car les charges et les exigences légales et techniques augmentent avec la hauteur. Arrivé à un certain point, le bilan bascule en négatif, même sur le plan économique. La hauteur ne sert plus qu’à l’autopromotion ! Les gratte-ciels ne sont donc pas le premier choix des architectes écoresponsables. En général, la densification est possible avec un nombre d’étages raisonnable, de cinq à huit. Quoi qu’il en soit, une tour est toujours préférable à une maison individuelle.

Éxtrait de la Revue HabitatDurable 63

L’ Auteur

Andreas Herzog
magazine Hochparterre

Traduction

cooperative Labac

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