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Le peuple suisse sera appelé le 9 février 2020 à se prononcer sur l’initiative fédérale lancée par l’Association suisse des locataires (Asloca) « Davantage de logements abordables ». HabitatDurable recommande d’accepter cette initiative, ce qui, à première vue,pourrait paraître étonnant. Éclairage.

Les loyers ne cessent d’augmenter et amputent une part toujours plus importante du budget des ménages : pour un revenu de moins de 5 000 francs, ils représentent plus de 30 % de dépenses ; 500 000 ménages en Suisse doivent ainsi économiser sur les vêtements et la santé pour pouvoir se loger. C’est ce qu’a calculé l’Association suisse des locataires Asloca, dont l’initiative « Davantage de logements abordables » doit permettre une détente sur un marché en surchauffe.

L’initiative veut inscrire des dispositions favorisant l’offre de logements bon marché dans la Constitution fédérale. Il s’agit en particulier d’encourager la construction de logements d’utilité publique : au moins 10 % des logements neufs doivent appartenir à des maîtres d’ouvrage et des organisations d’utilité publique. Il faut en outre s’assurer que les programmes de soutien à la rénovation des bâtiments n’entraînent pas la disparition de logements abordables.

Des coopératives comme remède à la spéculation

Pour atteindre ce taux, l’Asloca propose que la Confédération, les cantons et les communes bénéficient d’un droit de préemption sur les terrains se prêtant à la construction de tels logements, également lorsqu’ils appartiennent à des entreprises liées à la Confédération. Une mesure efficace, confirme Claudia Friedl, présidente d’HabitatDurable et conseillère nationale socialiste : « Qu’ils soient la propriété de coopératives ou d’entités publiques, ces logements se louent 20 à 25 % moins cher, car les terrains et les immeubles sont à l’abri de la spéculation ».

Le Conseil fédéral désapprouve le taux de 10 % fixé dans le texte de l’initiative, qu’il juge excessif. Claudia Friedl n’est pas de cet avis. On pourrait du reste aller encore plus loin : « Prenons en exemple la ville de Vienne, qui garantit une part de 8 à 10 % de logements en mains publiques. Tout le contraire de la Suisse, où cette proportion n’a fait que diminuer ces trente dernières années ». Cela saute aux yeux dans les centres urbains, où il est devenu pratiquement impossible de se loger à un prix abordable. Au moins les villes sont-elles conscientes du problème. Zurich s’est ainsi fixé un objectif dans son règlement communal : un tiers des locations devra à terme être constitué de logements d’utilité publique.

Les propriétaires aussi concernés

Le Comité central d’HabitatDurable Suisse est majoritairement convaincu que cette question ne concerne pas que les locataires. « L’augmentation des loyers fait flamber les prix de l’immobilier, empêchant de nombreuses personnes d’accéder à la propriété », dit Claudia Friedl. HabitatDurable s’est toujours engagé pour des loyers équitables, et non pour une maximisation des gains. Les bailleurs doivent assumer leur part de responsabilité : « Rappelons que le logement est un besoin fondamental, un mandat constitutionnel et un droit humain ».

Le Conseil fédéral et le Parlement estiment que les interventions proposées par l’initiative ne sont ni nécessaires ni réalistes et proposent le rejet de cette initiative.

L'auteur

Andreas Käsermann© Ruben Sprich

Andreas Käsermann
Responsable d'information et des médias d'HabitatDurable

Éxtrait de la Revue HabitatDurable 54

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