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HabitatDurable a vu le jour il y a tout juste 30 ans. Depuis, l’association n’a cessé de croître. Elle aborde 2018 avec d’ambitieux projets. Bref retour en arrière et perspectives d’avenir.

Des débuts modestes et de grandes ambitions

Le 19 mars 1988 était un jour gris d’avant-printemps. Dans la localité bernoise de Frieswil, un peu perdu dans la grande salle du restaurant du village, un petit groupe s’était rassemblé pour fonder « l’Association des propriétaires conscients des enjeux sociaux et environnementaux ». « Nous attendions 60 personnes, seule une douzaine est venue » se souvient en riant Rose-Marie Fankhauser, l’une des fondatrices. « Nous étions juste assez pour pourvoir les postes indispensables au fonctionnement de l’association » confessait un autre participant à cette journée mémorable, l’architecte Hans Rödlach de Brugg. C’est du reste lui qui eut l’idée de nommer la jeune association, alors exclusivement alémanique, « Hausverein Schweiz ». Les deux sections romandes ne verront le jour qu’en 2009 et fêteront donc l’année prochaine 10 ans.

historisch_Archiv_Casafair (74)Contre la spéculation foncière et immobilière

Tout a commencé avec l’initiative « Ville-campagne contre la spéculation foncière », lancée pour juguler la spéculation effrénée qui sévissait dans ce domaine. « À l’époque, elle était particulièrement virulente » rappelle Luzius Theiler, « il fallait absolument faire quelque chose ». Durant la campagne précédant la votation, à l’automne 1988, l’initiative « Ville-campagne » fut violemment critiquée, ses adversaires dénonçant son caractère « anti-suisse » et l’accusant de semer la « division ». Le fer de lance de cette offensive était l’Association suisse des propriétaires fonciers, le porte-parole du secteur immobilier. « Nous étions les empêcheurs de spéculer en rond, et cela les agaçait prodigieusement », se remémore Luzius Theiler. L’initiative recueille 30,8 % des suffrages. Il était déjà clair, lors de la collecte des signatures, qu’elle parlait aussi bien aux locataires qu’aux propriétaires. C’est parmi ces derniers que furent recrutés les fondateurs d’HabitatDurable. « L’idée centrale était de soustraire les transactions immobilières à la spéculation et d’encourager l’attribution de droits de superficie », dit Theiler.

L’association avait également à coeur des relations équitables entre propriétaires et locataires, une préoccupation qui est toujours la sienne. À 77 ans, le vétéran Luzius Theiler n’a rien perdu de son mordant. Il demeure fidèle à la cause en tant que conseiller communal de la Ville de Berne et membre de l’opposition dans les rangs des Verts alternatifs.

Objectif 20’000 membres

Trente ans après ses débuts, HabitatDurable rassemble aujourd’hui 13’000 membres répartis en huit sections. Grâce aux efforts de son directeur Jürg Wittwer, qui a beaucoup travaillé à la modernisation de l’association, celle-ci compte maintenant deux sections en Suisse romande, et compte bien continuer à s’y développer. C’est ce qu’a décidé l’Assemblée des délégué-e-s en novembre 2017. Le site internet va être refondu pour être compatible avec les smartphones et les tablettes. Selon le directeur, l’association est en excellente santé et peut se permettre de viser haut : « D’ici à trois ans, nous voulons avoir franchi la barre des 20’000 membres ». Une stratégie de croissance qui doit permettre de gagner en notoriété dans les médias et sur les réseaux sociaux. La question d’un changement de nom se pose actuellement. Les services vont également être étoffés. « La qualité du conseil est absolument essentielle ». Près de trois quarts des demandes des membres concernent la propriété par étage et la location.

L’importance d’HabitatDurable dans le paysage politique

La présidente d’HabitatDurable, Claudia Friedl, qui a pris ses fonctions il y a bientôt une année, définit la mission d’HabitatDurable comme suit : «Depuis tant d’années, le problème de la spéculation n’est toujours pas résolu, pas plus que celui du mitage du territoire. Nous voulons continuer à nous engager.» Les loyers dictés par le marché et les baux équitables continuent à être au centre de son action, selon un même impératif : répondre aux besoins des propriétaires ainsi qu’à ceux des locataires. « Un thème important est également la rénovation des bâtiments dans une perspective climatique », souligne Claudia Friedl. « Nous allons faire encore plus pour encourager et soutenir nos membres. » Quant à l’objectif principal, il demeure inchangé : « Nous voulons qu’HabitatDurable se fasse davantage entendre dans le domaine du bail, car il manque actuellement une voix pour défendre une vision écologique et éthique du côté des propriétaires. ».

L'auteur

Stefan Hartmann

Stefan Hartmann

Éxtrait de la Revue HabitatDurable 45



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